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Maïs : les rendements tiennent mais les prix dévissent

Aude Carrera, animatrice filière maïs chez Arvalis, et Franck Laborde, président de l’AGPM, ont dressé le bilan de la récolte 2025 de maïs, mardi 14 octobre, à Paris.

Malgré une campagne marquée par la canicule et la sécheresse, les rendements du maïs s’accrochent en 2025. Mais les prix, tombés à leur plus bas niveau depuis quinze ans, plongent la filière dans le rouge.

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Mardi 14 octobre, à Paris, l’heure était au bilan pour l’AGPM. Au 6 octobre, 37 % des maïs étaient récoltés selon Céré’Obs. Et si la récolte de maïs s’annonçait précoce, avec 40 % des semis réalisés mi-avril, elle se déroule finalement dans les standards. « Deux raisons à cela : d’une part, la tendance des producteurs à laisser les maïs sur pied pour économiser sur le séchage, compte tenu des prix bas, et de l’autre, un mois de septembre qui n’a pas été aussi favorable à la dessiccation que prévu dans une grande partie des régions de la zone septentrionale », explique Aude Carrera, animatrice filière maïs chez Arvalis.

Un rendement moyen de 88,5 q/ha

La faible pluviométrie, les températures caniculaires et la forte pression ravageurs (vers gris et foreurs) ont mis à rude épreuve les cultures de maïs. Néanmoins, le rendement national reste correct ; selon les estimations d’Arvalis, il s’établit à 88,5 q/ha, en recul de 4 % par rapport à la moyenne quinquennale. « Les maïs irrigués montrent un rendement moyen de 110 q/ha, proche de la moyenne pluriannuelle. Preuve que l’irrigation permet de rattraper un climat difficile. Car en pluvial, le rendement moyen a chuté à 77 q/ha », analyse Aude Carrera.

La production nationale atteindrait ainsi 13 Mt, soit une érosion de 3 % par rapport à la moyenne 2020-2024. Les baisses les plus marquées concernent le Sud-Ouest, le Poitou-Charentes, le Limousin, la Bourgogne et les Pays de la Loire (jusqu’à -35 %). En revanche, le Nord-Est s’en sort mieux avec une production proche de la normale.

« Un triptyque mortifère »

Et si la récolte 2025 se maintient, les prix, eux, s’effondrent. « Le prix du maïs est tombé à 165 €/t, un niveau historiquement bas depuis quinze ans », alerte Franck Laborde, président de l’AGPM. En cause : des récoltes record aux États-Unis et au Brésil, ainsi que la parité euro-dollar, « qui nous coûte 20 à 25 €/t ». « Au regard du contexte mondial, nous ne voyons pas d’embellie à court terme », déplore-t-il.

Pourtant, les charges de production, elles, restent à un niveau élevé, supérieur à 200 €/t. Si le coût de l’énergie a reculé, celui de la main-d’œuvre, du matériel et des engrais reste élevé. Conséquence, selon les projections d’Arvalis, le résultat courant avant impôt (RCAI) moyen des céréaliers s’élèverait à -14 000 €. « C’est la troisième année consécutive que le RCAI moyen est négatif », regrette Franck Laborde.

« Aujourd’hui, nous faisons face à un triptyque mortifère : une production mondiale qui ne cesse de croître, des prix en dessous des coûts de production et des contraintes à la production qui deviennent intenables et favorisent la concurrence déloyale », s’inquiète-t-il. Dans ce contexte, l’AGPM plaide pour l’activation de la réserve de crise de l’Union européenne et la stabilité de la fiscalité dans le cadre du PLF et PLFSS 2026 (redevance eau, biocarburants, TO-DE…). À plus long terme, l’association demande une cohérence au niveau de l’Union européenne avec une Pac qui encourage la production, une réciprocité de normes, la mise en place de clauses de sauvegarde, et la révision du prix d’intervention pour mieux protéger les marchés européens.

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